Le réveil du Taj Mahal appartient à ceux qui se lèvent tôt. On traverse une entrée gigantesque et la silhouette du mausolée se dévoile aux premières lueurs de l'aube. Un long bassin chatoyant s'étire jusqu'au tombeau blanc.
Fascinant assemblage de pierres et de blocs de marbre qui m'hypnotise un peu plus à chaque nouveau pas.
Folle construction d'un roi fou, fou amoureux de sa femme.
Symbole de l'amour absolu et de la démence qui peut agiter le coeur d'un homme inconsolable.
Les jardins et bassins rectangulaires contrastent avec les courbes ondoyantes des domes. Overdose d'harmonie dans ce complexe à la symétrie parfaite où la mort n'a aucunement entâché un amour éternel.
L'histoire est cruelle et un destin tragique attendra le constructeur du mausolée blanc. Roi déchu, Shah Jahan finira emprisonné avec dans sa cellule une petite lucarne comme unique compagnon. Une simple fenêtre d'où, ironie du sort, il pouvait contempler la construction de sa vie dédiée à son épouse défunte.
Beaucoup de constructions humaines impressionnent par leurs proportions démentes, leurs tailles défiant les lois de la physique mais bien peu font soulever le coeur et vibrer au plus profond de soi. Le Taj Mahal appartient à ce monde-là. On peut en faire le tour plusieurs fois et rien n'apaisera le feu intérieur et le tourbillon de sensations qui vous submergent. Je m'assois pour rassembler mes émotions. Le mausolée envoûte ses pensionnaires d'une aura bienveillante, érode les esprits les plus vifs et réveille les coeurs les plus doux.
Je marche une dernière fois autour du mausolée blanc, désorienté par ces mêmes sentiments qui m'ont envahi plusieurs heures plus tôt ; dès les premières secondes où j'ai pénétré dans l'enceinte du Taj Mahal. Je repars avec l'illusion d'avoir vécu un rêve. Un rêve où je parcourais un chemin pavé de marbre blanc. Un rêve où je m'arrêtai pour m'adosser à l'abri d'une alcôve sur un palais doux comme la soie.
Sur ces images angéliques à la blancheur éclatante, se termine notre périple indien. On a simplement picoré quelques miettes de ce pays regorgeant de culture et de vie. Bien malhonnête est celui qui en un mois se vante d'avoir visité l'Inde. Cette courte parenthèse a ouvert une brêche dans nos esprits, une fissure qu'il faudra combler en revenant. Pour découvrir d'autres facettes, d'autres paysages et d'autres gens du sous-continent indien. Et surtout pour vivre de nouvelles aventures que seul l'Inde peut offrir.
Keyword - bonne humeur -
lundi 15 octobre 2007
Impressions soleil levant sur le Taj Mahal
Par dorian le lundi 15 octobre 2007, 13:47 - TDM-Inde
vendredi 28 septembre 2007
En traversant la vallée de Spiti
Par dorian le vendredi 28 septembre 2007, 17:35 - TDM-Inde
On continue un rêve. Un rêve qu'on vit les yeux ouverts. La magie du voyage opère. Une vallée chasse l'autre et en douceur la jeep passe de la vallée de Kinnaur à la vallée de Spiti. La végétation s'est évanouie, la lumière caresse la roche et se tamise sur la terre couleur sable. Une couleur uniforme, des espaces gigantesques, des montagnes comme des titans, seuls propriétaires de ce recoin du monde.
Près de la rivière, quelques âmes se sont regroupées dans le village de Tabo où nous passons la nuit après avoir visité le vieux temple bouddhiste. En fin d'après-midi, une coupure d'électricité nous prive d'un évènement symbolique : la finale du championnat du monde de cricket entre 2 nations jadis réunies, l'Inde et le Pakistan.
Le lendemain, nous reprenons la route le long de ces pentes de couleur uniforme qui procure un bien-être profond. Quelques arbres ont tenté de grandir près du cours d'eau mais les feuilles jaunissantes, comme un cri d'alarme, témoignent de la difficulté d'adaptation dans les interstices hostiles de la roche.
L'attraction principale de la journée est un monastère bâti sur les éperons rocheux d'une colline. De lacets en épingles à cheveux, chaque virage nous fait gagner quelques mètres sur la montagne et la route devient de plus en plus aérienne. La vue se dégage et dévoile quelques habitations de pierres blanches dans la paroi convexe de la colline. La crête déchiquetée sous fond de ciel bleu a été domptée par le monastère. Accès périlleux par des escalier pavés aux marches inégales. On baisse les yeux et l'impression extatique de dominer la large vallée dans laquelle l'expression capricieuse de la rivière se manifeste par de nombreuses ramifications qui partent et convergent à nouveau. On lève la tête et près du ciel, la silhouette enneigée de montagnes pas suffisamment hautes pour passer à la postérité.
C'est non loin de quelques-uns de ces monts saupoudrés que nous passons la nuit. La peinture jaune gondolée du panneau de bienvenue affiche 225 âmes à l'entrée du petit village de Mudh. Une tache blanchâtre sur les pentes douces de la vallée.
Une vue haletante.
Des fourmis dans les jambes, je pars fouler cette terre. Plus j'avance et plus l'amplitude du décor s'exprime. Tranquille et insouciant, je rôde jusqu'au crépuscule.
Direction Kaza, un gros village au carrefour de la vallée de Spiti, du monastère perché de Ky et du plus haut village du monde, le village de Kyber à 4200m d'altitude. Cette route inconnue est un trait d'union entre un ensemble de sensations enivrantes qui emplissent nos esprits.
Depuis Kyber, nous redescendons à pied vers le monastère de Ky. Nos pas attachés au bout d'asphalte, nos yeux s'égarent, scrutent, observent. Nous nous délectons de cette nature stérile merveilleusement belle. Harmonie de forme qui fuit dans l'amas de constructions érigées sur le sommet d'un talus qui sonne la fin de notre balade.
Nous quittons Kaza et la neige se fait de plus en plus pressante, jusqu'à devenir envahissante. La route monte en lacet jusqu'au col de Kunzum. Des drapeaux à prières rouge, blanc, bleu, vert et jaune tremblent frénétiquement. Un petit monument bouddhiste pour rappeler que nous sommes dans l'Himalaya. Les sommets d'un blanc immaculé nous le rappellent encore plus.
La neige s'appauvrit et la verdure réapparait tandis que nous descendons vers Manali. Fin d'un beau détour à l'écart de l'agitation citadine indienne. Une parenthèse dans un autre monde que certains ont élu comme terre d'accueil.
dimanche 23 septembre 2007
Perchés dans la vallée de Kinnaur
Par dorian le dimanche 23 septembre 2007, 19:35 - TDM-Inde
Un 4x4 blanc, Un guide et un conducteur cashmiris, un chasseur d'images australien qui parcourt le monde depuis 30 ans, une jeune suédoise qui a courageusement choisi l'Inde comme premier pays, un bûcheron canadien, voyageur infatigable et un petit varois parti faire le tour du monde il y a plus de trois mois. Une équipe ecclectique et 10 jours de vie commune dans le futur proche.
Nous quittons Shimla pour une longue journée de jeep et les discussions vont bon train dans l'espace clos du véhicule. On apprend à se connaître. La diversité des cultures nous enrichit.
La route sinueuse s'élève dans une vallée naissante tandis que le manteau brumeux glisse sur les collines et enveloppe la nature silencieuse. Nous nous arrêtons pour une balade en forêt achevée par un temple hindou au sommet de la colline. Aucune vue enivrante. De vilains nuages tissent une épaisse barrière. A peine un banc pour souffler et partager une tablette de chocolat.
Nous repartons et les discussions continuent. Rires. Expériences de voyage. Conseils sur des destinations futures. Le sentiment frustrant d'une parcelle du monde inconnue. On l'évoque, on utilise quelques superlatifs, on fait rêver son auditoire et ce nom qui était parfaitement absent de mon esprit s'ajoute à la liste des lieux à voir. Plus on voyage et plus il reste à voyager. Un cercle sans fin, le voyage vous fait et vous défait. Sur les routes cahoteuses indiennes, nous traitons des ours et de la pêche des saumons dans les rivières de l'Alaska. La visite du temple d'Hanuman nous extirpe de la jeep. Une statue disneylandesque de l'homme-singe invite les véhicules à s'arrêter et à se recueillir quelques instants.
Nous arrivons à Sarahan où les toits du temple noircis par la pénombre présagent d'une belle visite demain matin. Nous nous asseyons dans un petit restaurant. La peinture craquelée, des tables de cantine, des casseroles cabossées. Une famille népalaise tient la boutique et dans cette pièce unique de 10m², le réconfort d'un repas familial, on se sent chez soi.
Réveil agité. Pas le temps de traîner, nous partons à la chasse aux larges araignées qui ont investi les lieux, un seau et une bassine comme armes. Nous avalons un petit déjeuner copieux où on relate nos exploits matinaux puis partons visiter le temple. D'exquis frontons de bois sculptés, une cérémonie hindoue, et un tikka carmin sur le front.
Nous prolongeons notre visite aux alentours du village. Il est l'heure de partir.
Sur le bord de la route, une vache se bat avec un récipient en plastique accroché à sa tête.
La vallée s'enfonce.
La route vertigineuse creusée dans la falaise à des centaines de mètres du sol s'anime lorsque deux camions bariolés de couleurs vives se croisent. Les rétroviseurs extérieurs s'entrechoquent. La marche arrière est parfois la seule solution. La jeep patiente près du vide avant de reprendre ses virages serrés, le klaxon enfoncé pour avertir les autres véhicules. Une route dangereusement haute qui apporte des sensations fortes aux passagers longeant le précipice. Une vallée aux dimensions de l'Himalaya. Des routes saignent la colline que des glissements de terrain annihilent en quelques secondes.
Des mois de travail pour recompléter les portions disparues.
Une activité insoupçonnée anime notre route aérienne : un troupeau de moutons crée un embouteillage ou un baba sadhou offre des sucreries aux conducteurs et aux passagers fatigués.
Nous passons 2 nuits à Sangla où un temple en bois domine le village. Il faut enlever les chaussures, revêtir un chapeau et nouer une ceinture pour pénétrer dans le vieux monument.
Ruelles maladroites, vergers et parterres de fleurs pourpre et azur.
Les pommiers croulent sous le poids des fruits rouges.
Au coeur du village, des maisons de pierres nues ou blanchies à la chaux renferment quelques âmes bouddhistes tibétaines en exil.
La visite de Sangla est entrecoupée par une excursion au village de Chitkul, le dernier village indien avant la frontière tibétaine. L'hiver, les chutes de neige peuvent couper l'accès au village. Ce dernier vit alors en autarcie, oublié de la lointaine civilisation.
Froid saisissant, loin de la fournaise du bassin de Delhi.
Omelette à la tomate, toasts à la confiture insipide et thé noir. En route pour Kalpa. Sacs entassés à l'arrière, quelques manoeuvres pour quitter l'allée étroite de la guesthouse, on reprend la route.
La bande asphaltée reprend sa danse virevoltante dans la falaise blessée. La rivière en contrebas est un simple cours d'eau. Une sensation de vertige me saisit en jaugeant le ruban bleu turquoise de la vallée. Le ballet des camions décorés nous terrifie, chaque virage est une épreuve. Nous discutons pour oublier le vide. Quelques arrêts pour prendre des photos.
Le panneau "Kalpa" annonce la fin de l'étape. Ici, la marijuana pousse comme de la mauvaise herbe. Et les pommiers plient sous leur cargaison. En fond, la pointe du Kinnaur Kailash fait de timides apparitions entre les nuages. Par beau temps, il s'éclaire de 7 couleurs différentes au cours de la journée. Kalpa, un village de plus accroché aux pentes d'une colline qui vit des heures difficiles quand les vents de l'hiver balaye la région.
Un nouveau jour, la route continue à s'élever. Nature aride, nature inhospitalière. Des buissons décharnés sourdent ça et là.
La patte humaine a encoché quelques bâtisses délabrées et insignifiantes dans l'ogre de terre. La route zigzague sur les pentes raides et meurt à l'entrée de Nako. Dans le ressac des collines, un petit lac absorbe quelques âmes qui se sont regroupés pour mieux lutter. Le décor himalayen comme seul réconfort de cette vie rude. Pour nous touristes, nous nous gorgeons de ces impressions, de ces sourires, de ces pierres coiffées par les vents, de ces coulées de terre, de ces drapeaux aux franges usées frémissant au sommet d'un talus, de ces habitations cubiques et imparfaites. Où est passée la folie des villes indiennes ? Les klaxons des rickshaws et la pauvreté errante sur les trottoirs ? Difficile de croire qu'on est toujours en Inde. Mais c'est cette diversité qui attire quantité de touristes, loin des sentiers rebattus.
Un trajet en train et l'extase d'un bout de verdure chasse la dépression et le mal-être d'une ville bouillonnante. On se sent bien ici.
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